André Rigaud (1761 Aux Cayes-1811)- Chef de la révolte des mulâtres. Mulâtre pur, fils d’un riche père planteur et d’une femme noire appelée Rose Bossy. Il mène une vie privilégiée : il fait ses études à Bordeaux et est orfèvre de métier. Bien qu’il ait de l’argent, il a toujours eu un penchant pour l’armée. « Il avait rejoint les couleurs en France, et avait combattu en Guadeloupe et pour les rebelles lors de la guerre d’indépendance américaine. »
Parmi les protégés de Rigaud, il y avait Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer, tous deux futurs présidents d’Haïti.
L’expérience plus le flair faisaient de lui un « brillant soldat. » » Schoelcher dit de lui : » Rigaud était un de ces hommes dont la valeur est un peu incomplète et qui ne peuvent atteindre les sommets. Participant à une révolution d’helotes qui brisaient leurs chaînes, son grand courage, son intelligence au point de vue militaire le rendaient puissant, mais dépourvu des qualités d’un chef il ne pouvait rien faire de cette puissance. De plus, il n’avait pas la volonté suffisante pour surmonter l’extrême violence de son caractère qui ne lui a jamais permis d’être maître de lui-même.
Esprit étroit, il n’a jamais réussi ni à étouffer les sentiments de préjugés contre les Haïtiens noirs, qu’il ne pardonnait pas, ni contre les Blancs pour avoir le même sentiment envers lui et envers sa classe. Il semble avoir attribué sa détresse d’avoir en lui quelque chose de l’Africain à une enfance presque incroyable. « Il était, dit Madiou, le fils d’un noir et d’une blanche. Il était très foncé avec des cheveux crépus. Il portait toujours une perruque de cheveux lisses. » Peut-être, il est vrai, la perruque à cheveux lisses était-elle liée à son amour immodéré du plaisir. Madiou le montre comme ayant plusieurs fois quitté son armée au début de la guerre du Sud pour aller dans les îles coralliennes et s’amuser à donner des bals. » (Parkinson, page 57)
En 1796, « Rigaud était pratiquement dictateur » dans le sud, tandis que Toussaint Louverture tenait le nord et la faveur de Laveaux. Aucun soldat noir ne dépassait le rang de capitaine dans son armée. (Parkinson, p. 99)
De plus en plus, Rigaud devient jaloux des succès et de la reconnaissance de Toussaint. Semblant ne pas pouvoir s’arrêter, il commença à transformer chaque victoire en défaite. Après avoir gravement perdu une dernière série de conflits virulents commençant par « la guerre du couteau ». Rigaud reçoit l’ordre de rentrer en France. (Barbe, pp.114-116)
Le 29 juillet 1800, Rigaud, après sa défaite face aux troupes de Toussaint, embarque de Tiburon pour la colonie française de la Guadeloupe.
Il revient à Saint-Domingue en 1802 avec l’expédition de Charles Leclerc, beau-frère de Napoléon, qui cherche à déloger Toussaint et à rendre Saint-Domingue à un contrôle français plus direct. (L’expédition avait également pour objectif de rétablir l’esclavage, bien que cela ne soit pas connu de bon nombre de ses participants). Rigaud a été renvoyé en France après l’échec de l’expédition, et a été retenu prisonnier pendant un certain temps dans la même forteresse que son rival Toussaint, le Fort-de-Joux. Toussaint n’aurait pas été au courant de la présence de Rigaud.Lorsqu’il est monté à bord du navire qui devait le ramener en France après son arrestation, dans un acte de rébellion, Rigaud a pris son épée et l’a jetée par-dessus bord.
En France « il a été reçu par Napoléon Bonaparte en 1801 avec ces mots : ‘Général, je ne vous reproche qu’une chose, c’est de n’avoir pas été victorieux’. » (Kennedy, p. 140)
Voir aussi
- Louis Daure Lamartinière – Engagé sous Rigaud.
- André Rey – Commissaire français et ennemi acharné de Rigaud.
- Fort de Joux – Forteresse de montagne française dans laquelle Rigaud et Toussaint Louverture ont été incarcérés.
- Guerre des couteaux – Conflit armé entre Rigaud et Toussaint Louverture.
- Lettre de Napoléon Bonaparte à Toussaint Louverture (1801) – Lettre dans laquelle Napoléon Bonaparte annonce l’envoi d’un corps expéditionnaire, sous la participation de Rigaud, pour reprendre Saint-Domingue à Toussaint.
- Beard, J. R. (John Relly) (1863). Toussaint L’Ouverture : Une biographie et une autobiographie. Chapel Hill, NC : Academic Affairs Library, UNC-CH. Publication en ligne
- Kennedy, Roger G. (1989). Orders from France : Les Américains et les Français dans un monde révolutionnaire, 1780-1820. New York : Alfred A. Knopf. ISBN 0-394-55592-9.
- Parkinson, Wenda (1978). Cette Afrique dorée. Londres : Quartet Books. ISBN 0-7043-2187-4
- Schoelcher, Victor (1889). Vie de Toussaint Louverture. Paris : Paul Ollendorf. (Disponible en ligne : Google books) Réimpression de 1882 : Karthala. Paris ISBN 2-86537-043-7
- André Rigaud. (2005, 5 décembre). Wikipédia, l’encyclopédie libre. Consulté le 7 décembre 2005 à 06 h 59 .
.