La ceftaroline est une céphalosporine à large spectre actuellement en cours d’investigation clinique pour le traitement des infections compliquées de la peau et des structures cutanées (cSSSI), y compris celles causées par le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (MRSA), et la pneumonie communautaire (CAP). La ceftaroline a la capacité de se lier à la protéine de liaison à la pénicilline (PBP)2a, une PBP spécifique du SARM qui a une faible affinité pour la plupart des autres antibactériens bêta-lactames. La forte affinité de liaison de la ceftaroline à la PBP2a (concentration inhibitrice médiane de 0,90 microg/mL) est bien corrélée à sa faible concentration minimale inhibitrice pour le SARM. La ceftaroline est active in vitro contre les cocci à Gram positif, y compris le SARM, Staphylococcus epidermidis résistant à la méticilline, Streptococcus pneumoniae résistant à la pénicilline et Enterococcus faecalis résistant à la vancomycine (pas E. faecium). L’activité à large spectre de la ceftaroline inclut de nombreux pathogènes Gram-négatifs mais ne s’étend pas aux entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu ou dépressives à l’égard des AmpC, ni à la plupart des bacilles Gram-négatifs non fermentaires. La ceftaroline démontre une activité limitée contre les anaérobies tels que Bacteroides fragilis et Bacteroides spp non fragilis. Des données limitées montrent que la ceftaroline a une faible propension à sélectionner des sous-populations résistantes. La ceftaroline fosamil (prodrogue) est rapidement convertie par les phosphatases plasmatiques en ceftaroline active. Pour des doses intraveineuses multiples de 600 mg administrées sur 1 h toutes les 12 heures pendant 14 jours, la concentration plasmatique maximale était de 19,0 microg/ml et de 21,0 microg/ml pour la première et la dernière dose, respectivement. La ceftaroline a un volume de distribution de 0,37 L/kg (28,3 L), une faible liaison aux protéines (<20 %) et une demi-vie sérique de 2,6 heures. Aucune accumulation de médicament ne se produit avec des doses multiples et l’élimination se fait principalement par excrétion rénale (49,6 %). Sur la base des simulations de Monte Carlo, un ajustement de la posologie est recommandé pour les patients présentant une insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine 30-50 ml/min) ; aucun ajustement n’est nécessaire en cas d’insuffisance rénale légère. Actuellement, les données d’essais cliniques disponibles pour la ceftaroline sont limitées. Une étude de phase II a randomisé 100 patients atteints d’ICSP entre la ceftaroline intraveineuse à 600 mg toutes les 12 heures et la vancomycine intraveineuse à 1 g toutes les 12 heures avec ou sans aztréonam intraveineux à 1 g toutes les 8 heures (traitement standard) pendant 7 à 14 jours. Les taux de guérison clinique étaient de 96,7% pour la ceftaroline contre 88,9% pour le traitement standard. Les effets indésirables étaient similaires entre les groupes et généralement de nature légère. Dans une étude de phase III, 702 patients atteints d’ICSR ont été randomisés entre la ceftaroline 600 mg et la vancomycine 1 g plus aztréonam 1 g, chacun étant administré par voie intraveineuse toutes les 12 heures pendant 5 à 14 jours. La ceftaroline s’est révélée non inférieure à la vancomycine et à l’aztréonam dans le traitement des infections nosocomiales causées par des agents pathogènes à Gram positif et à Gram négatif. Les taux d’événements indésirables étaient similaires entre les groupes. La ceftaroline est bien tolérée, ce qui est conforme au bon profil de sécurité et de tolérance de la classe des céphalosporines. En résumé, la ceftaroline est un traitement prometteur pour les IRCS et les PAC, et peut être utilisée en monothérapie pour les infections polymicrobiennes en raison de son activité à large spectre. Des études cliniques supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’efficacité et la sécurité de la ceftaroline, et pour définir son rôle dans les soins aux patients.