Au Royaume-Uni, la carence en vitamine B12 survient chez environ 20% des adultes âgés de >65 ans. Cette incidence est significativement plus élevée que celle de la population générale. L’incidence rapportée dépend invariablement des critères de carence utilisés, et en fait les estimations s’élèvent à 24% et 46% parmi les personnes âgées vivant en liberté et en institution respectivement lorsque l’acide méthylmalonique est utilisé comme marqueur du statut en vitamine B12. L’incidence et les critères de diagnostic de la carence ont récemment fait l’objet d’une grande attention à la suite de la mise en œuvre de l’enrichissement de la farine en acide folique aux États-Unis. Cette stratégie d’enrichissement s’est avérée extrêmement efficace pour augmenter les apports en acide folique avant la conception et réduire ainsi l’incidence des anomalies du tube neural chez les bébés nés aux États-Unis depuis 1998. Cependant, en réussissant à apporter un supplément d’acide folique aux femmes enceintes, la fortification augmente également la consommation d’acide folique de tous ceux qui consomment des produits contenant de la farine, y compris les personnes âgées. Certains prétendent que la consommation d’acide folique supplémentaire (sous forme d’acide ptéroylglutamique « synthétique ») provenant d’aliments enrichis augmente le risque de « masquer » une anémie mégaloblastique causée par une carence en vitamine B12. Un certain nombre de questions se posent donc. Les cliniciens sont-ils obligés de se fier à l’anémie mégaloblastique comme seul signe d’une éventuelle carence en vitamine B12 ? Le taux sérique de vitamine B12 est-il suffisant pour confirmer une carence en vitamine B12 ou d’autres marqueurs diagnostiques doivent-ils être utilisés systématiquement dans la pratique clinique ? Le niveau de consommation d’acide folique chez les personnes âgées (après fortification) est-il susceptible d’être élevé au point de guérir ou de » masquer » l’anémie associée à une carence en vitamine B12 ?