L’imagination active, dans la méthode analytique de psychothérapie de Carl Jung, consiste à s’ouvrir à l’inconscient et à donner libre cours à la fantaisie, tout en conservant un point de vue actif, attentif et conscient. Le processus conduit à une synthèse qui contient les deux perspectives, mais d’une manière nouvelle et surprenante.
« La fonction transcendante » (1916b ) est le premier article de Jung sur la méthode qu’il appellera plus tard l’imagination active. Elle comporte deux parties ou étapes : Laisser remonter l’inconscient et Accepter l’inconscient. Il décrit ses points de départ (principalement les humeurs, les images, les sensations corporelles) et certaines de ses nombreuses formes d’expression (peinture, sculpture, dessin, écriture, danse, tissage, mise en scène dramatique, visions intérieures, dialogues intérieurs). Dans ce premier essai, il relie sa méthode au travail sur les rêves et à la relation thérapeutique. Le terme « fonction transcendante » englobe à la fois la méthode et sa fonction dynamique innée qui unit des positions opposées dans la psyché.
Jung a découvert l’imagination active à partir de son propre besoin d’auto-guérison à une certaine période de sa vie. Tout a commencé par un jeu symbolique : « Je n’avais pas d’autre choix que de. Je n’avais pas d’autre choix que de reprendre la vie de cet enfant avec ses jeux enfantins » (Jung, 1962/1966, p. 174). Il a constaté que tant qu’il parvenait à traduire ses émotions en images symboliques, il était intérieurement apaisé et rassuré. Lorsqu’il s’ouvrait à la matière première de l’inconscient, il ne s’identifiait pas aux affects et aux images, il tournait plutôt sa curiosité vers le monde intérieur de l’imagination. Cela a conduit à un profond processus de renouvellement, ainsi qu’à des prises de conscience qui lui ont donné une nouvelle orientation. Dans les années qui ont suivi, il l’a recommandée à nombre de ses patients et étudiants. Il présente l’imagination active comme une technique d’appoint, mais en la reliant à sa méthode symbolique d’interprétation des rêves et à son travail sur la relation analytique, Jung a jeté les bases d’une méthode globale de psychothérapie.
L’imagination active est une extension directe de la libre association de Freud (Jung, 1929, p. 47). D’autres notions connexes incluent la fonction transcendante ; la fonction de guérison naturelle du jeu et de l’imagination ; le jeu de sable ; les attitudes actives vs passives envers le fantasme ; les manières réductrices et constructives de comprendre le contenu inconscient ; la formulation créative vs la compréhension ; la libération de l’analyste (Chodorow, 1997).
Les analystes jungiens ont un large éventail de points de vue sur l’imagination active (Samuels, 1985). Pour certains, il s’agit d’une technique périphérique qui n’est plus guère utilisée. Pour d’autres, elle est l’essence et le but de l’analyse.
Joan Chodorow
Voir aussi : Amplification (psychologie analytique) ; Psychologie analytique.
Bibliographie
Chodorow, Joan. (1997). Introduction. Jung sur l’imagination active (pp. 1-20). Londres : Routledge.
Jung, Carl Gustav. (1916b ). La fonction transcendante. Coll. Works (Vol. VIII). Londres : Routledge & Kegan Paul.
–. (1929-31). Freud et Jung : Contrasts. Coll. Works (Vol. IV). Londres : Routledge & Kegan Paul.
–. (1966). Mémoires, rêves, réflexions. Londres : Routledge. (Ouvrage original publié en 1962)
Samuels, Andrew. (1985). Jung et les post-jungiens, Londres-Boston : Routledge.