Les corps décomposés – toujours une autopsie peu gratifiante ?

L’une des erreurs classiques en pathologie médico-légale est de considérer l’autopsie d’un corps décomposé comme peu gratifiante. La présente étude a été entreprise dans le but de déboulonner ce mythe et de déterminer les caractéristiques des corps décomposés amenés en autopsie médico-légale. Sur un total de 4997 décès médicolégaux signalés dans un centre médical Apex, Yeotmal, un district rural du Maharashtra, sur une période de sept ans, seuls 180 cas étaient décomposés, ce qui représente 3,6% du total des autopsies médicolégales, avec un taux de 1,5 corps décomposé/100 000 habitants par an. La prédominance des hommes (79,4 %) a été observée dans les corps décomposés avec un rapport hommes/femmes de 3,9:1. La plupart des victimes étaient âgées de 31 à 60 ans, avec un pic à 31-40 ans (26,7 %) suivi de 41-50 ans (19,4 %). Un âge supérieur à 60 ans a été trouvé dans 8,6% des cas. Les personnes mariées (64,4%) étaient plus nombreuses que les célibataires dans les cas de décomposition. La plupart des corps décomposés étaient complets (83,9%) et identifiés (75%). Mais lorsque le corps était incomplet/mutilé ou squelettisé alors 57,7% des défunts restent non identifiés. La cause et la manière du décès ont été déterminées dans 85,6% et 81,1% des cas respectivement. La noyade (35,6 %) était la cause la plus fréquente de décès chez les corps décomposés, le suicide (52,8 %) étant le mode de décès le plus fréquent. Les corps décomposés ont été couramment retrouvés dans des lieux ouverts (43,9%), suivis par des sources d’eau (43,3%) et des lieux fermés (12,2%). La plupart des corps décomposés ont été retrouvés dans des puits (49 cas), suivis par des terres stériles (27 cas) et des forêts (17 cas). 83,8% des corps décomposés ont été récupérés avant 72 heures et seulement dans 16,2% des cas, le temps écoulé depuis le décès était supérieur à 72 heures, principalement dans les terrains vagues, les forêts et les rivières. La plupart des corps décomposés ont été trouvés en été (42,8%) avec un pic au mois de mai. Malgré les difficultés techniques de manipulation du corps et l’altération artefactuelle des tissus, le corps décomposé peut encore révéler la cause et la manière de la mort dans un nombre significatif de cas.

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