Ulcère de Buruli (infection à Mycobacterium ulcerans)

L’ulcère de Buruli, causé par Mycobacterium ulcerans, est une maladie chronique débilitante qui touche principalement la peau et parfois les os. L’organisme appartient à la famille des bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre, ce qui offre une opportunité de collaboration avec ces programmes de lutte contre les maladies. Cependant, M. ulcerans est une bactérie environnementale et produit une toxine unique – la mycolactone. Le mode de transmission à l’homme reste inconnu. Actuellement, le diagnostic et le traitement précoces sont cruciaux pour minimiser la morbidité, les coûts et prévenir l’invalidité à long terme.

Scope of the problem

L’ulcère de Buruli a été signalé dans 33 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Pacifique occidental. La plupart des cas se produisent dans les régions tropicales et subtropicales, sauf en Australie, en Chine et au Japon. Sur ces 33 pays, 14 déclarent régulièrement des données à l’OMS.

Le nombre annuel de cas suspects d’ulcère de Buruli déclarés dans le monde était d’environ 5000 cas jusqu’en 2010, date à laquelle il a commencé à diminuer jusqu’en 2016, atteignant son minimum avec 1961 cas déclarés. Depuis lors, le nombre de cas a recommencé à augmenter chaque année, jusqu’à 2713 cas en 2018. Les raisons de ce déclin et de la récente augmentation ne sont pas claires.

En Afrique, la plupart des cas sont signalés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, notamment au Bénin, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Ghana et au Nigeria. Le Liberia a récemment commencé à signaler un grand nombre de cas suspects, tandis que la Côte d’Ivoire, qui déclarait le plus grand nombre de cas au monde (2242 cas en 2008), n’a signalé que 261 cas en 2018. En dehors de l’Afrique, l’Australie reste un grand pays endémique où des cas sont signalés depuis les années 1930.

Transmission

Mycobacterium ulcerans se développe à des températures comprises entre 29 et 33 °C (Mycobacterium tuberculosis se développe à 37 °C) et a besoin d’une faible concentration d’oxygène (2,5 %). L’organisme produit une toxine unique – la mycolactone – qui provoque des lésions tissulaires et inhibe la réponse immunitaire.

Le mode exact de transmission de M. ulcerans est encore inconnu.

Signes et symptômes

L’ulcère de Buruli commence souvent par un gonflement indolore (nodule), une grande zone indurée indolore (plaque) ou un gonflement diffus indolore des jambes, des bras ou du visage (œdème). La maladie peut évoluer sans douleur et avec de la fièvre. Sans traitement ou parfois pendant un traitement antibiotique, le nodule, la plaque ou l’œdème s’ulcère dans les 4 semaines. Les os sont parfois touchés, entraînant des déformations.

La maladie a été classée en trois catégories de gravité : Catégorie I petite lésion unique (32%), Catégorie II plaques non ulcératives et ulcératives et formes œdémateuses (35%) et Catégorie III formes disséminées et mixtes telles que ostéite, ostéomyélite et atteinte articulaire (33%).

Les lésions surviennent fréquemment sur les membres : 35% sur les membres supérieurs, 55% sur les membres inférieurs, et 10% sur les autres parties du corps. Les agents de santé doivent être prudents dans le diagnostic de l’ulcère de Buruli chez les patients présentant des lésions aux membres inférieurs afin d’éviter toute confusion avec d’autres causes d’ulcération telles que le diabète, les lésions d’insuffisance artérielle et veineuse.

Diagnostic

Dans la plupart des cas, les professionnels de santé expérimentés des zones endémiques peuvent poser un diagnostic clinique fiable mais une formation est indispensable.

D’autres pathologies doivent être exclues du diagnostic, notamment les ulcères phagédéniques tropicaux, les ulcères chroniques de la partie inférieure de la jambe dus à une insuffisance artérielle et veineuse (souvent dans les populations âgées), les ulcères diabétiques, la leishmaniose cutanée, le pian ulcératif étendu et les ulcères causés par Haemophilus ducreyi.

Les lésions nodulaires précoces sont parfois confondues avec des furoncles, des lipomes, des ganglions, une tuberculose ganglionnaire, des nodules d’onchocercose ou des infections fongiques sous-cutanées profondes.

En Australie, les lésions papuleuses peuvent initialement être confondues avec une piqûre d’insecte.

La cellulite peut ressembler à un œdème causé par une infection à M. ulcerans mais dans le cas de la cellulite, les lésions sont douloureuses et le patient est malade et fébrile.

L’infection par le VIH complique la prise en charge du patient, rendant l’évolution clinique plus agressive et entraînant de mauvais résultats thérapeutiques.

Quatre méthodes de laboratoire standard peuvent être utilisées pour confirmer l’ulcère de Buruli : IS2404 réaction en chaîne par polymérase (PCR), microscopie directe, histopathologie et culture.

Traitement

Le traitement consiste en une combinaison d’antibiotiques et de traitements complémentaires. Des conseils de traitement destinés aux agents de santé figurent dans la publication de l’OMS intitulée Traitement de la maladie à mycobacterium ulcerans (ulcère de Buruli).

Une étude récente suggère que l’association de rifampicine (10 mg/kg une fois par jour) et de clarithromycine (7,5 mg/kg deux fois par jour) est désormais le traitement recommandé.

En Australie, une association de rifampicine (10 mg/kg une fois par jour) et de moxifloxacine (400 mg une fois par jour) est utilisée en routine avec de bons résultats, mais son efficacité n’a pas été prouvée.

Des interventions telles que la prise en charge des plaies et des lymphoedèmes et la chirurgie (principalement le débridement et la greffe de peau) sont utilisées pour accélérer la cicatrisation, réduisant ainsi la durée de l’hospitalisation. La physiothérapie est nécessaire dans les cas graves pour prévenir l’invalidité. Ceux qui restent handicapés ont besoin d’une rééducation à long terme. Ces mêmes interventions sont applicables à d’autres maladies tropicales négligées, comme la lèpre et la filariose lymphatique.

Prévention et contrôle

Il n’existe actuellement aucune mesure de prévention primaire de l’ulcère de Buruli. Le mode de transmission n’est pas connu. La vaccination par le Bacillus Calmette-Guérin (BCG) semble offrir une protection limitée.

L’objectif de la lutte contre l’ulcère de Buruli est de minimiser la souffrance, les handicaps et le fardeau socio-économique. La détection précoce et le traitement antibiotique sont les pierres angulaires de la stratégie de lutte.

Réponse de l’OMS

L’OMS fournit des orientations techniques, élabore des politiques et coordonne les efforts de lutte et de recherche. L’OMS réunit régulièrement tous les principaux acteurs concernés par l’ulcère de Buruli afin de partager des informations, de coordonner les efforts de lutte contre la maladie et de recherche, et de suivre les progrès réalisés.

L’OMS soutient les travaux visant à atteindre trois priorités de recherche :

  1. comprendre le mode de transmission
  2. mettre au point des tests de diagnostic rapide
  3. établir les traitements antibiotiques les plus efficaces.

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